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Textes maladroits pour le rêve.

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Textes maladroits pour le rêve.
16 août 2010

Breakdown

Elle reste sur le canapé, dans sa grande chemise qui lui arrive aux genoux, regarde devant elle puis se lève. Dans un petit pot, proche de son bureau, il y avait beaucoup d’élastiques. Elle en saisit un et se dirige vers son atelier. Elle sort quelques pinceaux, quelques couleurs, fait des mélanges sur sa plaque, et elle lève le bras. Chaque trait est un trait fort, gras, les coulisses envahissent la toile : vert, bleu, mauve, jaune, orange, rouge, du noir… Le rythme s’accentue et chaque coup de pinceau devient comme un coup d’épée, elle semble mener à bien un combat. Elle s’éloigne un peu, stoppe l’enchainement. Elle dépose tout son matériel et va prendre son appareil photo. Elle recule la pellicule pour la faire entrer au complet dans la petite capsule, elle ouvre l’appareil, et va dans une minuscule pièce dans le fond de l’appartement, cachée par des boites empilées. Sa chambre noire. Elle allume la lumière pour se situer, la ferme, puis développe son négatif. Ensuite, elle attend. Il faut attendre afin de bien laisser sécher la pellicule. Quelques heures plus tard, elle retourne, elle observe son travail. Elle est concentrée, rien ne pourrait la perturber. Elle choisit une photo et la développe : révélateur, bain d’arrêt, fixateur… Elle sort de la chambre noire. Elle saisit la photo de ses deux mains et va au bord de la fenêtre : elle est parfaite. Elle l’amène avec elle et retourne dans son atelier. Elle dépose la photo sur un petit bureau adjacent et elle sort une toile vierge, d’un blanc immaculé. Elle commence par sortir deux couleurs : du noir, et du blanc. Elle commence à peindre, elle fait des traits, mélange beaucoup de blanc et peu de noir, puis beaucoup de noir et peu de blanc, joue avec les tonalités. Elle reproduit la photo. Ses mains sont pleines de peinture qui coule doucement le long de ses doigts. Elle étend la peinture sur le tableau avec vigueur, chaque trait est calculé, chaque mouvement songé. Elle crée.

Il est 20 h. Le soleil est couché depuis un bon moment et elle, assise devant sa toile, se contente de la fixer, une bouteille de vin à la main, avec le rayonnement d’une petite lampe de chevet et des ampoules de Noël. Cela fait déjà un bon moment qu’elle est là qu’elle ne bouge pas d’un centimètre. Elle contemple son œuvre. Elle s’allonge le bras pour prendre une cigarette. Elle l’allume, aspire et expire en penchant la tête en arrière, légèrement. Elle porte la cigarette à sa bouche : ses lèvres se posent autour de ce petit bout jaunâtre, la fumée l’entoure, elle expire et propulse le nuage vers la toile. La fumée danse devant elle. Il cogne à la porte et entre. Son regard se détourne de la toile et tombe sur lui, sur son visage. Il s’approche d’elle et prend la main. Il l’amène avec lui et s’assoit sur le lit. Elle reste debout devant lui. Elle retire sa chemise qu’elle a gardée depuis le matin. Elle est toute nue. Il prend son bras et le caresse. Il la fait tourner et caresse son dos. Il donne quelques baisers dans le milieu de ses omoplates, puis descend un peu. Il se lève derrière elle et l’embrasse dans le cou. Elle se retourne face à lui et s’étendent sur le lit.

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16 août 2010

Exit l'être

En versant les deux tasses, elle le regarde, du coin de l’œil. Puis elle tasse sa mèche qui pendait sur son visage, pour mieux l’observer. Dans un moment d’inattention, elle laisser tomber la tasse qu’elle tenait dans sa main gauche, celle qui était destinée à l’homme. Elle se fracasse sur le sol en projetant des éclats de porcelaine dans toutes les directions. Il sort de ses pensées et se porte en aide : il se penche devant elle s’affairant à ramasser tous les petits éclats. Ses petites mains écarlates saisissent délicatement chacun des morceaux, prenant garde de ne pas se couper.

Après quelques minutes, tout est ramassé. Comme si rien ne s’était passé. Une deuxième tasse coulée, deux personnes qui boivent un café. Ils sont assis côte à côte, sur le canapé qui est placé devant une des grandes fenêtres de l’appartement. Ils regardent paisiblement à l’extérieur. Lui, il regarde la vieille dame, elle, regarde la neige qui tombe tranquillement sur la ville. La cigarette dans la main gauche, la tasse dans la main droite, elle écoute. Tout semble maintenant arrêté, le temps a cessé d’avancer. Elle se tourne vers l’homme et le fixe, fixe ses yeux. Elle le regarde. La femme se rapproche de lui et l’embrasse dans le cou. Il reste de glace, perdu dans le labyrinthe de ses pensées, regarde devant lui. Elle se lève et va chercher son appareil photo. Elle prend un cliché de son visage, un cliché de son torse, et un cliché de ses mains. Elle quitte des yeux le viseur, regarde son visage, et voit une larme. Une petite larme coule le long de sa joue. Avec son pouce, elle l’essuie. Sa main droite tremble, ou plutôt frémit. Elle la remarque de loin puisqu’elle est à sa gauche. Il se lève d’un coup. Il va dans la chambre pour s’habiller et quitte l’appartement.


16 août 2010

Vue sur l'univers, blanc.

 Il va dans le salon pour prendre ses lunettes, qu’il avait laissées sur la table basse la veille. Ses lunettes sont pour voir de loin, pour être certain de ne pas se faire happer par une voiture ou pour lire les indications sur les édifices. Sinon, elles ne lui servent à rien. Pourquoi vouloir quelque chose en étant loin de cette chose? Il veut toucher, sentir, ressentir. Il se rapproche lentement de la vitre, qui donne sur d’autres blocs appartement identiques. Quelques enfants courent dans la ruelle, avec leurs tuques, leurs mitaines et leurs grosses bottes en caoutchouc. Ses yeux s’attendrissent, un petit sourire en coin. Il lève les yeux aperçoit une dame, dans son appartement qui lit un livre, sur le bord de la fenêtre. Sans doute pour profiter de la lumière du jour. Sur son visage, une larme coule. Ses yeux sont petits, elle est chavirée. Étonnement, elle n’arrête jamais de faire bercer sa chaise, qui fait un va-et-vient constant, elle bat la mesure sans en déroger. Avec ses doigts, elle caresse les pages comme si elle guidait ses yeux, se donnait un repère pour ne pas perdre le fil. La couverture rouge vin de ce livre le fascine. Il y a de petits écriteaux dorés, mais il n’arrive pas à discerner les lettres. Ses lunettes sont de bonne qualité, mais rendu à ce point… Il sent une main caresser son épaule. Puis une autre main sur l’autre épaule. Elle est derrière lui, sa tête est posée entre ses deux omoplates. Elle fait balader ses mains sur son torse et lui fait un gros câlin, le serre fort, comme pour qu’il ne tombe pas en bas si la fenêtre se fracasse soudainement. Il tourne sa tête vers la gauche et lui dit :

— J’ai vu ce que tu fais. T’as du talent, c’est certain.
— Mouin. J’te remercie, c’est gentil. T’as fouiné ce matin toi ?
— Oui, un peu. Je suis tombé sur ta voisine. Elle a l’air triste, elle a l’air vraiment bouleversée.
— Ça, c’est madame Gélinas. Elle a perdu son mari il y a deux mois. Depuis ce temps-là, elle passe ses journées sur le bord de la fenêtre, pis elle lit son livre, toujours le même.

Les yeux de l’homme fixent la dame, à travers la vitre légèrement embuée. Alors, la femme glisse sa main sur son épaule et le fait tourner sur lui-même, un demi-tour, pour pouvoir le voir. La lumière éclaire son visage, attendri et paisible. Il lui sourit, elle lui sourit, elle soupire. Il passe sa main dans son dos, afin de la réchauffer un peu. Elle fourre son visage dans le creux de son cou et il l’entoure avec ses bras, lui donnant un petit baiser sur le dessus de la tête, dans ses cheveux noirs. Pendant cinq minutes, que du silence, des respirations, le chien et ses griffes qui font claquer le plancher de bois franc quand il se promène, les gouttes de café qui tombent une à une dans le contenant en verre de la cafetière. Les arômes du café envahissent l’appartement. Tout sent le café, chaque recoin de la pièce sent le café, les draps, les rideaux. Se mélange à cela le parfum des calorifères qui fonctionnent à plein régime, brûlant la poussière qui s’y trouve. Ça lui rappelle les matins d’hiver, avec sa mère, quand elle lui proposait d’aller jouer dehors. Il disait toujours qu’il préférait rester dans la maison, et lire ses bandes dessinées. Elle se décolle de lui pour aller voir la cafetière, elle rompt le moment en une seconde, ce moment qui était digne d’un rêve animé venait de prendre fin. Il se retourne pour regarder à l’extérieur, les bras croisés, les mains vides et la tête pleine.

16 août 2010

Le réveil, journée nouvelle

Les draps recouvraient leurs corps nus. Le chien qui attend patiemment le réveil des deux êtres allongés fait aller sa queue, il a hâte. Une longue inspiration s’amorce, par le nez. Il se réveille. Les cheveux en bataille, il se lève du lit en tirant les couvertures, pose les pieds au sol : le sol est d’un froid glacial, ses orteils retroussent, réagissant au choc de température. Il utilise ses deux bras pour se propulser hors du lit. Elle ne bronche pas, elle continue de dormir paisiblement, l’air satisfait.

Il se dirige dans son atelier de peinture. Les pots de peinture mal fermés traînent dans tous les coins, les pinceaux mal nettoyés, de grandes toiles blanches sur le sol, et une, sur le chevalet. Il lève alors son bras droit pour y poser délicatement ses doigts, il ne veut pas la briser. Il suit les coups de pinceau, les petites coulisses, il passe du rouge, au bleu, au vert, au noir, au blanc… Ses yeux analysent l’œuvre, passant rapidement d’un élément à un autre. Il s’approche pour sentir. Les émanations ne sont plus très fortes, elle n’a pas peint depuis hier matin. Puis il se dirige vers les tableaux terminés qui jonchent le sol. Du bout des doigts, il touche chacune des toiles qu’il observe, il les bouge un peu pour mieux les regarder : celle-ci est noire, un gros rond rouge au centre. L’autre, une toile bleue, en majeure partie, puis quelques traits blancs, d’autres mauves, d’autres jaunes. La merveille s’étalait devant ses yeux. Le mariage des couleurs, la fluidité des traits, des directions. Il prenait le temps de s’absorber dans chaque tableau. Après chacun d’eux, il prenait une grande respiration profonde, un air bouleversé et chaque fois, la légère odeur de moisi emplissait ses narines, lui laissant le temps d’apprécier le cachet de cet appartement aux mille richesses. Un soupir envahit le silence complet qui planait dans l’appartement depuis son réveil.

Elle se réveille. En voyant que la place avait été laissée, elle se lève la tête. Ce n’est pas très difficile de trouver quelqu’un dans un loft, sans murs, exception faite des toilettes. Il la regarde. Elle le regarde. Dans leurs yeux, de la compréhension. Il esquisse un doux sourire sur son visage, sans dire un mot.

16 août 2010

Partie 1 - Présentations

L’odeur de son appartement l’horripile, chaque objet qui avait sa place la veille est maintenant importun, cette odeur de moisi, une à peine perceptible bruine d’humidité dans la pièce, son chien fixant le néant ou les chiens de fond de ruelle dehors, par la fenêtre. Les lumières de Noël éclairent la pièce, les tableaux jonchent le sol, certains terminés, d’autres non. Elle fixe le vide. Une mèche recouvre son visage défait : son mascara qu’elle avait appliqué le matin même tenait toujours, mais il tendait vers le clown triste plutôt qu’au maquillage pour rectifier ses paupières et altérer son apparence… Ses yeux sont noisettes, elle n’aime pas ses yeux. Elle veut de beaux iris bleus, comme les actrices de cinéma, malgré qu’elle n’aime que les films qui ont de l’âge et en noir et blanc. Son téléviseur n’a pas la capacité de projeter en couleur. Elle a de longs cheveux en bataille, noirs, foncés. Elle n’aime pas ses cheveux, elle voudrait avoir le volume de Monroe, pouvoir faire aller sa crinière et épater la galerie, attirer les beaux jeunes hommes en manque… d’émotion. Elle est photographe de formation, peintre à ses heures. Elle aime vivre, exister, s’accomplir.

***

Son ami arrive dans l’appartement. Le bruit des ses pas lourds et lents résonnent dans la cage d’escaliers comme des coups de feu. À peine sa main posée sur la poignée que la porte était déjà grande ouverte, sa main à elle bien en place depuis un bon moment déjà. Manches longues, beaucoup trop longues. Elle veut le prendre en photo, son corps sans voile, sans barrière, dénué de toute censure.

Elle s’approche de lui, aucun mot pour le moment. Elle pose délicatement sa main sur son épaule, elle le tire vers elle, l’approche. Elle le sert fort, contre elle, son cœur bât la mesure et le sien à lui, bât à tout rompre. Elle le fait entrer, et referme la porte derrière eux. Ils s’assoient sur le canapé devant son pseudo studio de photographie : quelques spots, un fond blanc, sans plus. Elle le regarde, dans les yeux, puis elle touche son coup, sa nuque. Elle a envie de le découvrir. Sa main suit le chemin de son bras et puis elle tire un peu la manche. La femme les caresse doucement, sans rien brusquer. L’homme l’observe en pleine analyse, il la scrute, en partant des yeux, en passant par le croquant des oreilles, puis sa bouche, légèrement entrouverte, ses lèvres. Son énormément ample chandail en laine vert termine la séance d’observation, impossible de distinguer un seul bout de peau après ce col roulé imposant. Elle, de son côté, poursuit. Elle est mystifiée, c’est un curieux mélange de curiosité et de tristesse. Ses yeux sont humides, vitreux. Sa peau devient rugueuse, le frisson la parcourt : elle est nerveuse. L’homme caresse sa joue avec le revers de sa main, tout doucement, pour ne pas la briser.

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16 août 2010

Le début de chaque chose.

Je me suis arrêté dernièrement sur ce que je me devais de faire pour garder un rêve éveillé, le garder lucide. J'ai repris l'écriture il y a quelques temps et je publie ici ce qui est pour moi un rêve. Une idylle où je m'abandonne aux résonances des mots dans les tristes pages blanches que je rempli, trop blanches, pour en faire quelque chose d'apaisant.

Ce blog n'est pas une tribune. Mes intentions sont modestes, minimes, infimes.

Sachez respecter mon humble ambition.
Bienvenue.

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